Des fleurs qui ne sentent pas toujours la rose

Des fleurs bio ? On pense au bio pour notre alimentation mais pas nécessairement pour un bouquet de fleurs et pourtant… Quand on reçoit un bouquet, la première chose qu’on fait c’est d’y coller son nez en humant très fort leur doux parfum et … leurs pesticides. Des fleurs qu’on va garder une bonne semaine chez nous, le temps de diffuser ces petites molécules peu sympathiques dans notre foyer.
De plus, ce joli bouquet de fleurs a un impact environnemental assez catastrophique surtout quand on veut avoir une rose le jour de la Saint Valentin… En plein hiver.
Petite visite dans l’horticulture moderne et proposition d’alternatives : c’est parti !
Pourquoi choisir des fleurs bio ?
Respecter les saisons
Avoir des fleurs à disposition toute l’année chez nos fleuristes, c’est comme manger des fraises en plein mois de décembre… cela a un prix.
Je me rappelle en effet, quand j’étais petite, les jardins de mes grand-mères qui avaient de très beaux rosiers. Ils faisaient des roses magnifiques, des rouges, des roses, des jaunes… Et elles fleurissaient au printemps.
Cela semble assez logique d’un point de vue naturel : il y a une saison pour chaque chose. Alors si on veut des roses en hiver, elles ne sortiront pas du jardin de ma grand-mère mais de conditions de cultures bien différentes…
L’horticulture industrialisée
J’ai creusé le sujet dernièrement après avoir vu passer des bouquets labellisés dont je vous parlerai juste après… Le sujet n’est pas glorieux. Encore une fois, la mondialisation fait quelques ravages.
La question du climat favorable aux cultures

En effet, faire pousser des fleurs en pleine saison froide en Europe nécessite d’utiliser des serres chauffées. Je ne vais pas vous présenter la note de chauffage ni son impact en termes de gaz à effet de serre. Je vous laisse imaginer ça.
Les industriels ont bien compris que ça allait leur coûter un peu trop cher, ils ont donc délocalisé la production dans les pays chauds où le climat est favorable toute l’année. On peut cultiver à l’air libre sans chauffer une serre.
J’ai donc le regret de vous informer que votre bouquet de roses rouges a de grandes chances de venir du Kenya (ou d’un autre pays d’Afrique ou d’Amérique du Sud). Encore quelque chose qui aura plus voyagé que nous ?!
Ceci dit, se pose la question de ce qui produit plus de CO2 entre le trajet des fleurs qui arrivent jusqu’à notre joli vase depuis le Kenya ou le chauffage de serres pour avoir un bouquet français ?
Des jolies fleurs calibrées et toxiques ?
Pour booster la croissance des plantes toute l’année, rien de tel qu’une dose de pesticides. Ainsi on évite aussi les attaques d’insectes nuisibles.
L’avantage pour les producteurs de travailler en dehors de l’Europe c’est que la réglementation n’est pas vraiment la même quant à l’utilisation des pesticides et en particulier des quantités utilisées. Il semblerait que ce qui est interdit chez nous, ne l’est pas forcément là -bas.
Et le personnel qui cultive ces roses ?
Une rose au paradis (petit clin d’œil aux amateurs de Barjavel, encore un chouette bouquin) … ou en enfer…
Les travailleurs africains ou latinos ne reçoivent pas le même salaire que les européens (baisse du coût de production). Et c’est un peu le même combat que pour le café ou le chocolat. Il faudrait pouvoir s’assurer que ces gens aient un salaire décent leur permettant de vivre, d’envoyer leurs enfants à l’école…
Et ces travailleurs ne sont pas informés quant aux produits toxiques qu’ils utilisent ni formés à les utiliser et encore moins pourvus d’équipement de protection (gants, masques…).
Enfin, l’impact environnemental de l’horticulture

Il est assez simple : les pesticides polluent l’environnement. En plus de la toxicité directe subie par les travailleurs, leur environnement est pollué.
Le 2e impact est que cultiver des fleurs demande de l’eau. Je revois ma Mamie arroser ses fleurs tous les soirs en plein été. Mais à l’échelle de champs entiers ce n’est pas 2 arrosoirs qui y passent ! Bonjour la sécheresse pour arroser nos futurs bouquets.
Que proposent les labels de fleurs bio et équitables ?
Afin de lutter contre l’exploitation des travailleurs (surtout des travailleuses apparemment), d’éviter une catastrophe écologique et des émissions de CO2 en quantité industrielle, des labels de fleurs bio, éthiques et responsables font leur apparition.
Fleurs de France

Comme pour le label Viande de France, ce label garantit uniquement la provenance française de vos fleurs. C’est intéressant pour l’aspect réglementaire lié à l’utilisation de pesticides. L’intérêt se porte aussi sur l’emploi : des serres embauchent des personnes en réinsertion professionnelle.
Après libre à chacun de n’acheter des fleurs que lorsque c’est la saison car le label ne s’intéresse pas vraiment plus que ça à l’environnement.
Plante bleue

Ce label est très ciblé sur le respect de l’environnement et en particulier la consommation d’eau et la pollution. La culture sous serre n’est pas exclue mais un engagement social encadre également ce label.
Max Havelaar Fairtrade

Comme pour le chocolat et le café, ce label est très branché commerce équitable. Les producteurs labélisés Max Havelaar s’engagent pour un respect des travailleurs avec :
- Un salaire minimal décent
- Des conditions de travail correctes : sur toute l’année et pas seulement au moment de pics liées aux fêtes européennes ainsi qu’une protection face aux produits chimiques. Ils ont même droit de se syndiquer.
- Des bourses qui permettent aux travailleuses de financer des projets qui leur tiennent à cœur : l’école de leurs enfants par exemple, certaines ont même fait construire une maternité !
On aura donc des fleurs qui ont poussé dans des conditions responsables. Max Havelaar mentionne même que l’impact CO2 du transport des fleurs est moindre par rapport au chauffage d’une serre en Europe.
On trouve ces bouquets Fairtrade en ligne chez Interflora, Aquarelle ou encore Bebloom.
Des alternatives à l’horticulture mondialisée
Bon, label ou pas label, ces fleurs ont quand même poussé loin voire très loin. Quand on privilégie une économie locale, il faut aller vers des circuits courts. Et tant qu’à faire essayons aussi de limiter les déchets. Voici quelques idées.
Parlez de fleurs bio avec votre fleuriste

Les fleuristes, avec leur âme créatrice, sont aussi des commerçants et je reste persuadée qu’en discutant avec eux, et donc en leur faisant comprendre que la demande change, ils chercheront des solutions pour changer leur offre. Petit à petit.
Donc pourquoi ne pas demander Ă votre fleuriste :
- Des fleurs bio
- Issues de flilières locales
- Ou issues du commerce équitable
- Un emballage en papier au lieu du film plastique non recyclable. Ou pas d’emballage du tout si c’est pour offrir tout de suite ?!
Tournez-vous vers des filières locales
On trouve assez facilement des horticulteurs indépendants qui ont leurs propres serres et champs. Ils ont généralement une boutique ! Allez le voir, faites travailler nos artisans J
Des champs de cueillette libre
J’aime beaucoup cette option car les fleurs poussent à la bonne saison et c’est l’occasion d’une sortie pour cueillir ses fleurs soi-même. Petit retour en enfance quand on faisait un bouquet de fleurs sauvages pour notre maman.
Bon, ça marche aussi pour la cueillette des fraises…
Question de la saison

Essayons de privilégier des fleurs et plantes dont c’est la saison.
Même si la symbolique des fleurs est très forte culturellement, offrir des roses pour la Saint Valentin reste une aberration écologique. Par contre, le mimosa commence à pointer le bout de leur nez. Il pousse même en pot !
Offrir des plantes vertes quand ce n’est pas une saison à fleur est aussi une option. Par contre si on se tourne vers des orchidées qui ont poussé dans des serres industrielles en Hollande, on est d’accord que c’est un peu contre-productif.
Et si on n’offrait pas de fleurs quand c’est pas la saison !
Il y a tellement de façon de faire plaisir à ses proches, de montrer son amour, son amitié. J’aime à dire qu’offrir un moment plutôt qu’un objet crée un souvenir beaucoup plus durable.
Allez boire le thé avec une amie, passer une soirée au resto avec son chéri, c’est leur offrir notre temps qui est si précieux !
Vous pourrez trouver un peu d’inspiration côté cadeaux dans cet article.

Et vous, continuez-vous à offrir des fleurs ? Avez-vous déjà acheté des fleurs bio ?
